Lorsque j’ai annoncé à mon entourage qu’après quelques 26 années de production et d’animation d’émissions sur les antennes de différentes radios locales, j’arrêtais et quittais la sacro-sainte FM pour faire de la radio différemment, j’ai bien senti que certains se sont montrés assez perplexes.
Mon idée, partagée par quelques autres, de faire des chroniques et des émissions de radio sans les diffuser sur la bande FM pouvait, à première vue, apparaître comme étant insensée. Mais, à bien y réfléchir, ne serait-ce pas là LA vérité de demain ? On peut, en effet, se demander si, en 2017, la radio, telle qu’on la connaît depuis un bon siècle, ne serait tout simplement pas bientôt amenée, voire condamnée, à progressivement disparaître. Tout comme la télévision, d’ailleurs.
Etudions nos habitudes, et réfléchissons-y un peu. Accepteriez-vous le diktat d’autres personnes qui choisiraient à votre place l’objet et l’horaire de vos lectures ? Bien évidemment que non ! On doit bien reconnaître qu’en tant qu’amateurs de romans, d’essais, de magazines et simplement de journaux, jamais nous ne tolérerions de ne pas pouvoir choisir nous-mêmes ce que nous allons lire, et surtout, quand nous allons le lire.
Et pourtant, c’est ce que nous continuons de faire quand il s’agit d’émissions de télévision ou de programmes de radio. Tant qu’il n’y avait aucune autre alternative, il fallait bien se soumettre au journal de 20 h, et se laisser imposer les rendez-vous culturels et musicaux sélectionnés par les producteurs de France Inter, d’Europe 1 ou de RTL.
Déjà avec l’apparition des magnétophones à cassettes grand-public dans les années 1960, puis des magnétoscopes, qui permettaient l’enregistrement en direct de nos émissions préférées, nous avions goûté à la possibilité du choix de l’horaire avec une écoute en différé.
Puis ce fut le développement d’Internet et des ordinateurs « multimédia « dans les années 1990 qui changèrent complètement la donne.
Désormais, nous cherchons les infos ou la météo sur la Toile, quand on le souhaite, avec exigence d’immédiateté. Même les radios et les chaînes télé « Tout-Info » sur lesquelles les flash-infos tournent en boucle apparaissent, après une courte période de nouveauté libératrice, trop rigides à l’heure du libre choix absolu.
Mes émissions et mes musiques préférées, c’est quand je veux, grâce aux « podcasts », à Youtube, DailyMotion ou Deezer. Il n’y a plus guère qu’en voiture qu’on se laisse encore imposer parfois notre flot d’info-musique quotidien. Et encore, de moins en moins souvent, car la Wi-Fi s’y installe, et les Smartphones remplacent déjà allègrement les autoradios.
J’ai beau faire partie de cette génération qui, depuis les années 1960, ne quittait jamais son transistor adoré, je dois cependant reconnaître que mes rendez-vous avec mes émissions de radio favorites se font désormais plus souvent sur mon ordinateur ou sur ma tablette que sur ma chaîne hi-fi ou sur le petit transistor dans ma cuisine.
Aux USA, apprend-t’on, les Webradios attirent désormais plus d’auditeurs que les traditionnelles stations FM. Et ce, avec un coût d’équipement bien moindre, et une diffusion, non plus régionale, ni même nationale, mais tout simplement planétaire – en attendant mieux.
Finalement, diffuser une émission sur la bande FM revient à peu près au même que lancer une bouteille à la mer. Nul ne sait si elle va atteindre les personnes visées qui l’auraient appréciée. Cette émission n’est qu’un « pschitt » instantané qui disparaît très vite. Trop vite. Déjà remplacé par la suivante, et ratée par ceux qui étaient occupés ailleurs ou empêchés.
Constatons que depuis déjà une vingtaine d’années, les radios évanescentes par nature, et totalement amnésiques, se sont fabriqué une mémoire sous forme de sites Internet consultables à l’envie.
Et bien, faisons le pari, à l’instar d’autres Webradios, comme celle d’Arte, qui ne sont absolument pas diffusées sur les ondes, mais uniquement sur le Web, que la nôtre, cette petite entité bourgeonnante que nous produisons pour le plaisir, et qui revendique pleinement comme d’autres son « sans FM », saura se faire entendre dans ce brouhaha incessant et viendra enrichir l’univers culturel d’Internautes éclairés que vous êtes.
Nous n’ambitionnons que de vous offrir des chroniques, un peu décalées parfois, et des émissions originales, à déguster « à la carte » … à la manière de demain, c’est-à-dire par une écoute Libre et Choisie. Et sans DLCO ou autre date de péremption. C’est une offre gratuite, à picorer à votre faim, ENFIN !