Chroniques 21

 - - - (Moi) Le mot du jour, c’est … Ah, mince, je ne m’en souviens plus. Pourtant je l’avais noté sur un bout de papier, de peur d’oublier – parce que, depuis quelques temps, j’oublie tout.

(Christophe) - Et bien, pas de problème : lis-nous ce qu’il y a d’écrit sur ton papier.

- - - (Moi) Heu – Si, il y a problème, c’est que je l’ai oublié chez moi, mon papier sur lequel j’avais écrit le mot que j’avais peur d’oub...

(Christophe) – Oui, ça va, on a compris. C’est vraiment malin ! On n’est donc pas plus avancés. Tu nous avais habitués à mieux. Et bien, fait un effort – cherche un peu dans ta mémoire-passoire. Et dépêche-toi. Tout le monde attend.

- - - (Moi) Hé, doucement. Ne me bouscule pas. Parce que là aussi, ça me fait perdre mes moyens. Je suis très émotif. Je me souviens qu’une fois, il y a longtemps, quand j’étais plus jeune …

(Christophe) – Oui, bon, tu n’es pas là non plus pour nous raconter tes souvenirs d’enfance. Je te rappelle que tu es censé faire une chronique sur les sens des mots. Et je sens qu’on est en train de perdre des auditeurs.

- - - (Moi) Non mais, c’est nouveau ça. Personne ne m’a jamais parlé de l’essence des mots. Je m’en souviendrais quand même. J’ai une très bonne mémoire … il me semble vous l’avoir déjà dit. C’est vrai ça, comme si les mots marchaient à l’essence. Et pourquoi pas, dans ce cas, les gros mots qui marcheraient au diesel, pendant que tu y es. Vraiment, vous imaginez tous les mots faisant la queue à la station-service. N’importe quoi !

(Christophe) – Mais pas l’essence, le pétrole ! Non, je parlais des … sens , les significations … en deux mots.

- - - (Moi) En deux mots seulement ? Mais jamais je ne pourrai résumer tout ce que j’ai à dire en deux mots, ni même en trois. Je me sentirais trop à l’étroit. T’es marrant, toi… Enfin, non, ce n’est pas drôle du tout. Ça me stresse ton truc. Je préfère oublier.

(Christophe) – Oh là, je sens qu’on va perdre nos derniers auditeurs.

- - - (Moi) Non, t’inquiète pas pour ça. Ils sont à table, en famille. Et pour éteindre le poste, ou plus simplement changer de station, quelqu’un devrait se lever et tourner le bouton. OR QUAND ON EST POLI, je le rappelle à ceux qui auraient tendance à l’oublier, ON NE QUITTE PAS LA TABLE AVANT LA FIN DU REPAS ! Donc, de ce côté-là, on est tranquilles. Surtout qu’on est dimanche, et c’est le jour où ils font un super gueuleton qui va durer des heures, avec belle-maman qui fait la tronche, et les mioches qui s’emmer…

(Christophe) – Oui, bon, oublie tes digressions, et revient enfin à ton mot du jour. Le temps passe, et tu n’as pas toute l’heure pour toi, tu sembles l’oublier.

- - - (Moi) Ah, ça y est. Merci. Tu viens de m’y faire penser. Le mot du jour, c’est oubli.

(Christophe) – Ah ! Quand même. C’est pas trop tôt. Et qu’avais-tu d’intéressant à nous dire sur le mot oubli ?

- - - (Moi) Ben, à vrai dire, je ne sais plus. Je pense que … j’ai oublié.

[passer la chanson : « J’ai la mémoire qui flanche » de Jeanne Moreau]